MARS 2023

Un chien guide au milieu des poubelles parisiennes

Témoignage de Christian, maitre chien guide d’Orace :
« Nous venons de vivre à Paris une période très difficile pour les chiens guides. Plus de trois semaines de grève des éboueurs ont considérablement perturbé les trajets effectués par les personnes non-voyantes ou très malvoyantes. Des tonnes de détritus ont jonché les trottoirs de la capitale et les déplacements dans les rues à l’aide d’une canne blanche ou d’un chien guide se sont traduits par de véritables « parcours du combattant ».
Je rends hommage à mon chien-guide Orace qui a été à la hauteur pour me permettre de me sortir de pièges inextricables constitués par de véritables montagnes de poubelles, de cartons, d’objets de toutes sortes dépassant des bacs, parfois soulevés par le vent. Comment a-t-il géré cette situation ?
 

Deux cas de figure pouvaient se présenter :

  1. une succession de poubelles et de détritus encombrent le trottoir, mais le chien considère qu’il doit y avoir moyen de se faufiler au milieu. Pour me faire prendre conscience de la difficulté, il ralentit nettement et progresse à une vitesse proche de 0 km/h. Le message est clair : je dois me placer derrière lui pour pouvoir continuer à avancer. S’il n’avance plus malgré mon ordre « Va devant », je dois me placer de côté et vérifier avec ma main droite quel passage est possible entre une succession de poubelles placées de façon irrégulière. Il s’agit alors de progresser très lentement, parfois en zigzaguant et en se faisant le plus petit possible. Il convient aussi de bien lever les pieds car toutes sortes d’obstacles (cartons, papiers, plastiques, débris…) sont susceptibles d’entraver la marche ;
  2. un amoncellement de poubelles et de détritus rendent impossible la progression. Le chien refuse d’avancer malgré mes consignes. J’avance alors un pied pour me rendre compte de l’impossibilité de cheminer sur le trottoir. Il faut alors descendre sur la chaussée, ce qui, naturellement, crée un danger certain pour le maître et pour le chien. Il convient dans ce cas de faire preuve d’une grande prudence en repérant à l’oreille le moment où la circulation automobile se calme. Durant son éducation, le chien a été habitué à ce type de situation : il suit le trottoir le plus près possible ; l’ordre donné par le maître pendant ce parcours sur la chaussée est « Cherche à gauche » ou « Cherche à droite », selon les cas. Dès que l’espace se libère sur le trottoir, le chien remonte, et le maître peut alors être rassuré de se retrouver « en sécurité.
 
 
 
 
Ce qui, en revanche, est impossible à anticiper est le cas où, attiré par les « bonnes », ou plutôt les très mauvaises odeurs, le chien se met à lécher, voire à inhaler quelque chose d’indéterminé. Entre le moment où le chien ralentit et où l’on détecte ce comportement, il s’écoule une poignée de secondes, ce qui laisse hélas le temps à notre compagnon de satisfaire son palais… Il faut alors hausser le ton – mais c’est évidemment trop tard ! Nous étions probablement plusieurs maîtres parisiens en cette période troublée à craindre que le chien n’ait pas absorbé de la mort-aux-rats qui était parfois déposée sur les tas d’ordures.
Je dois reconnaître que, sans le chien-guide, j’aurais été beaucoup moins téméraire pour oser me déplacer dans les rues de Paris pendant toute la période de grèves.
Je remercie mon brave Orace d’avoir fait preuve d’un grand professionnalisme en me permettant d’effectuer mes trajets dans les meilleures conditions possibles. »
 
Nos chiens guides sont de véritables héros, il n’y a pas d’autres mots !

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